En entrant dans la salle, vous serez épaté par la taille ; et encore, vous n’en voyez que la première partie. Cette photo sans flash ne fait pas honneur à la tapisserie, mais elle vous permet de vous rendre compte de l’énormité de la chose : 6 m de haut sur une centaine de mètres de long, et encore il en manque des morceaux ! À la fin de la visite, on a mal au cou ! Heureusement, la salle possède des bancs ; vous pouvez donc vous munir de votre bible et faire votre propre interprétation tranquillement !
Cette tapisserie, qui date du XIVème siècle, a coûté à l’époque l’équivalent de 500 000 euros ! Pour le reste, je vous passe les détails ; vous trouverez ça dans n’importe quel bon guide, ou chez David. Elle a été perdue pas mal de temps, certains morceaux ont servi de couverture aux vaches et aux chevaux en hiver, elle est donc incomplète et passablement abîmée à certains endroits. Les scènes représentent l’apocalypse de Saint Jean (le dernier livre du nouveau testament), et à moins d’être vous-même spécialiste du sujet, je vous recommande de suivre la visite guidée si vous voulez comprendre ce que vous voyez. Si vous le faites armez-vous quand même de patience ; le guide décortique les 70 tableaux et ça finit par être long puisque tous les événements vont par 7.
Même sans faire la visite guidée, vous serez émerveillé par les détails, la complexité et la beauté de cette tapisserie. Rendez-vous compte qu’il a fallu un métier à tisser (ou plusieurs) de 6 mètres de large ! De plus, mais vous ne le verrez pas pendant la visite, la tapisserie est sans envers, car tous les nœuds ont été faits au milieu ; en réalité l’envers est donc tout aussi beau, et bien mieux conservé que l’endroit. Ca a permis de retrouver les couleurs d’origine, qui étaient vives et lumineuses. D’ailleurs cette tapisserie servait de décoration pour des grandes occasions, par exemple des mariages.
Si vous voulez admirer les couleurs magnifiques de la tapisserie, je vous conseille vivement le livre L’envers et l’endroit édité par les Images du patrimoine. Vous pouvez le trouver à l’office du tourisme, il n’est pas donné (33,50 euros), mais très beau et comporte de précieuses explications sur le contenu de la tapisserie comme sur son histoire. Toutes les photos de la tapisserie de ce billet sont en réalité des photos de ce livre.
Enfin, si vous avez aimé, traversez la Maine et allez voir le Chant du Monde, une tapisserie faite au XXème siècle par Jean Lurçat et exposée au musée du même nom, qui est un écho moderne à la tapisserie de l’apocalypse. Vous ne saviez pas qu’il existait des tapisseries modernes ? A vrai dire moi non plus ; celle-ci est moins grandiose que l’ancienne, mais absolument magnifique. J’espère pouvoir en faire une visite guidée un de ces jours pour découvrir tous les symboles qui y sont cachés...
Je te remercie de faire autant pour la culture angevine : tu verras qu'un jour on te remettra la médaille d'honneur de la ville !
Angers est la capitale mondiale de la tapisserie. Je crois qu'on forme encore, (je ne sais plus dans quelle école) des tapissier(e)s d'art. Peut-être à l'Ecole des Beaux-Arts. C'est important pour rénover les tapisseries anciennes.
Quant à Jean Lurçat, je trouve ça moins intéressant, mais il y a encore des artistes qui actuellement sont dans sa lignée (il y a eu une expo -que je n'ai pas vue- il y a quelques temps).
Je suis allé au collège Jean Lurçat, à Monplaisir, c'est peut-être pour ça que j'ai du mal avec ses tapisseries...